16 décembre 2012- Bruny Island

Publié le par bistrip

Il y a des lieux qui sont dans toutes les bouches, quelque soit les personnes rencontrées, ils sont toujours évoqués un moment ou un autre. Bruny Island fait parti de cette catégorie d’endroit. Cette ile située à une quarantaine de kilomètres au sud d’Hobart m’a été recommandé pour sa beauté sauvage et ces derniers jours choses plus étonnante pour sa possibilité d’y travailler dans la cueillette des cerises.

C’est ainsi que j’ai tranquillement tracé ma route dans la vallée de l’Huon, les bonnes vieilles habitudes reviennent vite, c’est étonnant comme désormais les réflexes de voyage sont bien ancrés : longue marche à pied avec un handicap de 20 kilo sur les épaules, autostop, et camping sauvage rural ou l’art d’enjamber les barrières (bien que souvent il suffise de pousser le portillon) afin de trouver le spot idéal pour passer la nuit. Je rejoins donc ainsi l’unique porte d’accès de l’ile, son ferry.

 Voilà donc à bord du ferry, gratuit pour les piétons… cela peut s’expliquer par la difficulté de se déplacer sans moyen de locomotion sur cette ile peu habitée. Mais comme bien souvent, je ne passe pas inaperçu et je commence à me demander si parfois je ne fais pas pitié… Enfin, ayant attrapé le dernier ferry de la journée, la fameuse entre-aide des insulaires fait honneur à sa réputation, me voyant sur le bord de la route discutant avec une autre personne à propos de mes plans et de ce que je fais là, plusieurs voitures s’arrêtent pour savoir si ils peuvent nous déposer quelque part. Pour une fois, je décline leur offre, venant tout juste d’être invité à passer la soirée en compagnie de Paddy, mère de famille venue visité son fils sur Bruny. Voilà son fils qui arrive, Jack. Pas de soucis, je suis le bienvenue. Et cela en français s’il vous plait ! En effet, Jack et sa mère ont habité à Nice pendant deux ans, autant vous dire qu’ils sont enchantés d’avoir un frenchi sous la main pour pratiquer leur français. Après avoir suivi une route unique goudronnée suivi d’une piste sinueuse à travers un paysage respirant la quiétude, nous nous engageons dans une petite allée s’infiltrant dans la forêt. Les vieilleries et autres bizarreries reposent sur le bord du chemin avant d’arriver enfin à destination, une vieille et grande cabane au milieu de la forêt avec vue sur un bout de mer. GC- Cabane de Jack et Des- Bruny Island (2)Cette cabane semble être un musée à elle seule. Le décor provient des quatre coins du monde et le matériel nautique, bouées, boutes… trônent partout. Nous sommes accueilli par le capitaine de ces lieux, Des. Longue barbe blanche, vieux pull en laine pourri, peau tiraillé et canette de bière vissée à la main. Cette maison est son pied à terre depuis plus de 15 ans, son refuge sur terre, aussi paisible que l’élément sur lequel il passait le plus clair de son temps, la mer. Jack aussi est un amoureux de la voile, c’est ainsi qu’il a rencontré Des, il ya bien des années. Et de même, il est tombé amoureux de cet endroit paisible, coupé du monde et en est devenu le tout nouveau propriétaire mais gardant Des a ses côtés. C’est qu’une cabane de vieux loup de mer ne peut se séparer de celui qui lui a donné son âme.

Huitres et moules pêchées juste sur le rivage en contre bas de la hutte, et barbecue au menu, cela est bien plus appétissant que les habituelles nouilles cuisinées sur mon petit réchaud et je suis heureux d’être en si bonne compagnie plutôt que seul dans ma tente.

C’est que mes trois compagnons n’ont pas des histoires traditionnelles. Pour Des, toutes les histoires sont en relations avec la mer. Jack qui n’a que trente ans semblent avoir vécu plusieurs vie (dont une en France), pilote d’Hélicoptère, étudiants à différentes reprises dans différents domaines et finalement Géologue de retour de Western Australia où il a pu gagner assez d’argent pour s’acheter une maison malgré qu’il n’est plus d’emploi. Et enfin Paddy, la mère de Jack, biologiste marine, vivant comme une Indiana Jones moderne entre université d’Hobart et base en Antarctique.

Que de compétences réunies en une poignée de personnes… et moi dans tout ça ? Et bien, je possède une compétence qui n’avait jamais servi jusque là et qui tombe à point pour mes nouveaux amis : je sais conduire une pelleteuse.

Voilà comment je vais finalement rester 3 jours de plus en leur compagnie, les aidant à mettre en place à l’aide d’une pelleteuse louée pour le week-end,  le verger organique que Jack a décidé de planter sur la propriété. Au programme du week-end, tronçonnage d’arbre, broyage de branches, débroussaillage et pelletage de trou. Après chaque dure journée de labeur,  nous profitons juste de la compagnie de chacun autour d’une bouteille de vin ou une canette de bière, regardant les wallabies bondir dans le jardin et les quals (chats natifs de Tasmanie) se promener autour de la maison, une fois la nuit tombée.

Je n’aurai pas vu grand –chose de Bruny Island, mais ce que j’ai découvert c’est un mode de vie tendant vers l’auto suffisance (lorsque le verger et le potager seront prêt ils n’auront vraiment plus besoin de grand-chose) au milieu de la nature. Loin de la fureur du monde, où l’on se contente du minimum, reclus dans la sérénité, avec ou sans cocotier, la vie sur une ile semble être le paradis pourvu que l’on soit bien entouré.

Publié dans Australie - Tasmanie

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