8 novembre 2012- Sur l’A 39

Publié le par bistrip

 

Cela va faire un peu plus d’une semaine que je profite de l’hospitalité de Barrie, qui après m’avoir pris en stop, m’a accueilli chez lui et tout fait pour m’aider à trouver du travail. Mais jusque là cela reste sans résultat, et je passe donc la majorité de mon temps chez lui à attendre que les occupants de la maison, Barrie, Sharon (sa sœur) et Rob (un de ses employés) rentrent du travail. Depuis le temps, je suis devenu un professionnel de l’attente, ma patience est devenu hors du commun, mais rester seul à longueur de journée me pèse de plus en plus… je ne suis pas sur d’être prêt à être femme au foyer. En effet, c’est mon rôle au sein de la maison, allé faire les courses pour le diner, un petit brin de ménage puis ensuite c’est parti pour mes fourneaux ! Et j’ai pris beaucoup de plaisir à cela, quelle bonheur de pouvoir profiter d’une cuisine tout équipée, de ne pas avoir à se soucier du prix des aliments et de pouvoir regoûter à des saveurs dont j’en avais presque oublié le goût. Mais aussi de cuisiner pour des gens qui apprécie ma cuisine, et avec qui j’ai apprécié passer du temps. Mais c’est décidé, j’ai de nouveau la bougeotte et tous les signes m’indique la Tasmanie. Il va être donc temps de reprendre ma route.

C’est donc le temps des au-revoir, une nouvelle fois encore, à des gens que je ne pourrais jamais assez remercier. Il me laisse donc là sur cette immense station service pour poids lourd de bon matin où je compte bien trouver un poids lourd inter-état pour mener en direction de Melbourne à environ 1400 km. Je m’applique donc à fabriquer une belle pancarte : « Melbourne via Dubbo or Sydney ». Après un temps d’attente raisonnable (environ 2 heures), l’un de ces imposants camion qui se lançait tout juste, se stop dans un vacarme hydraulique. Je me présente à la fenêtre de ce monstre d’acier,  en contrebas de celui-ci je me sens réellement minuscule et aperçois difficilement le chauffeur de celui-ci. Melbourne ?! C’est sa direction, je me dépêche d’attraper mon bazar et me présente devant la porte passager. Ca commence bien, grimper à l’intérieur de cet engin avec mes 20 kilos d’équipement n’est pas si facile. Ca y est je suis installé ! La première chose que je remarque c’est qu’à l’évidence, ces camions ne sont pas construits pour accueillir un quelque conque passager, la place pour les jambes est vraiment limitée. Par contre, le reste de la cabine est réellement prévu pour vivre à l’intérieur, lit, rangement, système audio,  glacière… tout est à porter de main. Je fais alors la connaissance de Jason, barbe dense et nombreux tatouages, qui devient donc mon compagnon de route pour la journée.

EA- Sur l'A 39 (3)En effet celui-ci doit livrer sa cargaison à Melbourne, je n’ai donc plus qu’à me laisser porter ! Le 60 tonnes s’élance alors, je cherche de la main la ceinture de sécurité… ah, ok il n’y en a pas, d’un côté vu le monstre c’est sur que si l’on percute quelque chose ce n’est pas nous qui allons ressentir quelques choses. Nous voilà donc lancé sur l’A 39, route appréciée des routiers du fait d’un faible trafic, du peu de villes à traversées et étant le chemin le plus court entre Brisbane et Melbourne, coupant par les terres. Chemin certainement le plus court mais aussi le plus tape-cul ! C’est qu’à l’intérieur de ces engins on ressent l’ensemble des défauts de la route (et ils sont nombreux) mais pour ma part contrairement au chauffeur installé sur un siège monté sur ressort, le mien se confirme comme n’étant pas prévu pour accueillir quiconque, pas de système de suspension, je me fais secouer comme dans un bus fidjien. Ce trajet est aussi certainement le plus ennuyeux. Nous enchainons lignes droites sur lignes droites coupant champs de coton vierge, et de blé prêt pour la récolte.

EA- Sur l'A 39 (5) Et cette route, mon nouvel ami l’effectue plusieurs fois par semaine, il m’avoue donc être heureux d’avoir de la compagnie, l’une de ses seules occupations étant d’insulter les conducteurs de caravanes par le biais de la CB avec les autres routiers. Durant 15 heures, je vais donc voir défilé un paysage qui ne change pas beaucoup, à l’exception de l’apparition de montagnes au loin ; apprendre à connaitre quelqu’un en un temps record et en apprendre bien plus sur la vie de chauffeur routier inter état mais aussi sur l’Australie. Je sais désormais comment frauder les livrets de bord des camions pour pouvoir conduire plus longtemps que la loi l’autorise et ainsi pouvoir dormir chez ma petite amie plutôt qu’au milieu de nulle-part dans mon camion… enfin ça c’est pour Jason, pour moi, il ne reste plus que mon hamac.

Et c’est ainsi que je vais finir, à 20 km du centre de Melbourne, minuit passé, sur une station service similaire à celle où Jason m’a pris en stop le matin, coincé entre deux arbres, emmitouflé dans mon haricot (oui mon hamac ressemble a un haricot vert géant ou bien un cocon d’un insecte géant), heureux d’avoir un ciel dégagé et de pouvoir m’étendre après ce long voyage qui m’aura fait traverser 3 états, sur 1350 km et plus de 15 heures de route.

Le lendemain, après une bonne nuit, malgré que l’air soit plus frais ici, en Victoria, et m’étant même autoriser une grasse mat’, je n’ai plus qu’à me diriger vers le centre ville tout proche. Un bus et un train plus tard me voilà au milieu des gratte-ciel et des imposants bâtiments d’époque. Melbourne semble une ville agréable à vivre… mais je ressens le besoin d’en partir, comme un malaise inexplicable. Mais décision est prise : je continue ma route pour la Tasmanie dès aujourd’hui ! Voyons pour le ferry… 183 dollars en tant que passager sans voiture, ils ne font pas chier, mais bon parait-il que c’est la haute saison. Je file donc pour l’aéroport ayant vu des tarifs plus intéressant sur internet et nécessitant 11 heures de moins de voyage. A propos de cela je voudrais pousser un coup de gueule contre ces compagnies dont les tarifs au comptoir sont deux fois plus élevés que sur internet, où on me dit gentiment d’aller à l’espace internet pour acheter mon ticket alors que je suis en face du guichet. Résultat, je suis allé à la concurrence ! Oublié donc Tiger Airline, j’embarque donc ce soir à 21h10 pour Hobart avec Virgin Australia. Encore une fois, j’aviserai sur place où je vais bien pouvoir passer la nuit, mais une chose est sûre, après ma dernière session de stop où il m’a fallu 2 jours pour faire 250 km, je ne pensais pas que j’effectuerai les 1350 km pour Melbourne en une journée et que je serai le soir suivant à Hobart, Tasmanie.

 

Publié dans Australie - Queensland

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